Une interdisciplinarité indispensable
Pour exploiter toutes les données recueillies sur un site archéologique, l’archéologue fait de plus en plus appel à de nombreuses sciences qui pour certaines sont du domaine de l’archéométrie. Selon les contextes et les questions à résoudre, il travaille étroitement avec :
- Des botanistes
- Des zoologues
- Des pédologues
- Des restaurateurs
- Des physiciens
- Et des chimistes
Les spécialités sont nombreuses et ne cessent de s’accroître. De plus en plus d’archéologues travaillent dans des disciplines telles que la dendrochronologie, la palynologie, la carpologie ou l’archéozoologie et leurs résultats sont très concluants.
La bioarchéologie
La bioarchéologie, aussi appelée paléoanthropologie, est l’étude des populations humaines du passé à partir de restes squelettiques. C’est un domaine pointu et délicat qui exige une très bonne connaissance du squelette humain et des modes d’inhumation, ainsi qu’un grand respect des restes des groupes qui nous ont précédés.
En archéologie historique, l’analyse des collections ostéologiques venant des fouilles de cimetières permet de comprendre des éléments tels que :
- Les conditions de vie
- La santé et la démographie des populations qui ont peuplé le Québec
- Les maladies que ces populations ont subies
- Les rites et croyances de ces populations
- Les traitements médicaux d’autrefois
Le travail du bioarchéologue ressemble à celui de l’archéologue. Tous deux poursuivent les mêmes objectifs et se basent sur les traces laissées dans le sol par les humains pour reconstituer et comprendre leurs modes de vie. Le bioarchéologue doit lui aussi bien connaître le contexte dans lequel ont été trouvés les ossements qu’il analyse.
Bien sûr, ce spécialiste s’intéresse aux caractères biologiques d’un groupe, mais il se préoccupe davantage des phénomènes sociaux et du contexte historique que ceux-ci peuvent révéler sur une époque.
Au Québec, la recherche en ce domaine a connu une accélération depuis une dizaine d’années en lien avec la désaffection croissante des lieux de culte et les découvertes fortuites de cimetières anciens.
La carpologie ou l'archéologie des graines
La carpologie étudie les graines et les fruits (noyaux et pépins), les céréales, les plantes aromatiques et les légumineuses retrouvées lors d’une fouille archéologique. On les découvre parfois dans des latrines, des silos, des fours, des dépotoirs et parfois même carbonisés dans des plats en céramique. Les archéologues les appellent «macro-restes végétaux».
La carpologie permet à l’archéologue de reconstituer la vie quotidienne et l’environnement des gens qui ont consommé ces restes en répondant à des questions telles que :
- Que mangeaient-ils et que cultivaient-ils?
- Avec quelles plantes se soignaient-ils?
- Quelles étaient leurs pratiques culturelles ou artisanales?
Pour vous donner un exemple, il est possible d’identifier la fabrication de la bière par la découverte de grains d’orge germés, ou encore de houblon.
La conservation archéologique
La conservation archéologique rend des services indispensables aux archéologues dans plusieurs contextes, telle une fouille subaquatique ou dans un pergélisol. Par exemple, les spécimens de culture matérielle provenant d’une fouille subaquatique vont requérir, dès leur mise au jour, des traitements qui devront souvent se poursuivre pendant des années.
Dans un environnement où des artéfacts fragiles sont découverts, le restaurateur pourra procéder à des interventions d’urgence pour favoriser leur préservation, permettre leur prélèvement et leur transport dans un laboratoire archéologique. Un restaurateur spécialisé ou un membre de l’équipe archéologique sera parfois responsable sur le terrain de la mise en œuvre de la conservation archéologique.
Le restaurateur travaille également en atelier pour traiter les artéfacts découverts lors d’une fouille. Le travail du restaurateur lui donne l’occasion de révéler des informations inédites pour l’étude de l’archéologue, de confirmer ou d’infirmer l’identification première d’un objet ou de ses matériaux constitutifs. De plus, restaurer une collection constitue souvent une étape essentielle pour l’étude ou la mise en valeur d’un site.
Pour toutes les questions reliées à la préservation des collections, l’intervention du restaurateur doit donc idéalement se coordonner avec le projet de l’archéologue.
La dendrochronologie, ou comment lire les cernes du temps?
La dendrochronologie étudie les cernes de croissance des arbres. Elle permet la datation précise d’échantillons de bois issus de :
- Charpentes
- Planchers
- Plafonds
- Escaliers
- Tonneaux
- Tableaux
Comment la dendrochonrologie fonctionne-t-elle?
Il faut d’abord savoir que le nombre de cernes correspond généralement au nombre de cycles annuels de croissance de l’arbre. Pour connaître l’âge d’un arbre abattu, il suffit donc de compter un à un les cernes annuels depuis le centre jusqu’à la périphérie, le dernier cerne de l’arbre sous l’écorce fournissant l’année d’abattage de l’arbre.
Autre fait à prendre en compte, la largeur de chaque cerne varie selon les conditions climatiques de l’année. Des étés de sécheresse ou bien des gels tardifs ou précoces laissent souvent des cernes plus étroits.
Sur une période de 50 à 100 ans, la séquence de largeurs du tronc est statistiquement similaire pour tous les arbres d’une même région et d’une même espèce. En se munissant d’étalons régionaux, il est donc possible de dater des échantillons archéologiques.
Ainsi, la dendrochronologie permet de dater à l’année près, voire à la saison près. Selon l’espèce, la date et la provenance régionale de chaque pièce de bois, l’archéologue peut comprendre les techniques de mise en œuvre des pièces d’architecture d’un bâtiment, les espaces forestiers exploités ou les techniques de débitage du bois.
La palynologie ou l’archéologie des pollens
Tous les pollens sont dotés d’une enveloppe très résistante qui peut se conserver durant des milliers d’années. Leur étude sous microscope offre des indices qui permettent de reconstituer la flore environnant le site archéologique ainsi que son évolution dans le temps : c’est la palynologie.
La palynologie a pris une place grandissante dans la recherche archéologique. En effet, elle permet d'obtenir un grand nombre d'informations liées au milieu naturel dans lequel évoluaient les groupes humains du passé. Comme la carpologie, elle nous informe notamment sur :
- Les pratiques agricoles et alimentaire
- Les types de céréales cultivées
- Le couvert végétal ancien
- Le climat d’une période
La zooarchéologie
La zooarchéologie étudie et interprète les restes animaux retrouvés dans les sites archéologiques.
Pourquoi l’archéologue recueille-t-il avec soin tous les ossements d’animaux sur un site archéologique? Parce que l’analyse des restes osseux, des dents, de la fourrure, voire dans des cas de conservation exceptionnelle, de contenu stomacal, peut apporter des informations qui permettent de comprendre les modes de vie des populations ayant vécu à cet endroit :
- Que mangeaient-ils?
- En quelle quantité consommaient-ils les denrées?
- Quels étaient leurs goûts alimentaires?
- Comment dépeçaient-ils la viande?
- Comment chassaient-ils ou pêchaient-ils?
- Dans quel environnement et sous quel climat vivaient-ils?
La zooarchéologie apporte des indices supplémentaires qui peuvent aider les archéologues à résoudre ces mystères.