Un champ d’action qui s’élargit de plus en plus
Les champs d’investigation de l’archéologie québécoise sont très vastes et ont amené le développement de différents domaines et de nombreuses spécialités. L’archéologie appelle la collaboration de nombreuses disciplines scientifiques complémentaires les unes des autres : sciences de la vie, sciences de la terre, sciences humaines, sciences sociales. C’est un travail d'équipe, à la fois sur le terrain, lors de la fouille, et lors de l'étude des vestiges découverts!
L’archéologie environnementale
L’archéologie environnementale a pour objet d'étude l'environnement passé et ses interactions avec l'Homme.
Elle utilise les méthodes et techniques de la géographie, de la géologie, de la géomorphologie, de la pédologie, de la faune et de la botanique. L’archéologue peut ainsi comprendre et restituer l’histoire des sites archéologiques eux-mêmes, mais aussi celle des paysages qui les entourent :
- Comment l’environnement a-t-il conditionné les activités humaines?
- Dans quelles mesures les populations du passé ont-elles adapté leur milieu à leurs besoins?
- Quels sont les impacts de ces modifications?
Pour étudier la végétation et le climat, l’archéologue fait appel à de multiples disciplines: la palynologie, la dendrochronologie ou la carpologie.
Photo: Archéo-Québec, Jacques Beardsell. Fouilles archéologiques au Site des moulins.
L’archéologie expérimentale
L'archéologie expérimentale vise à retrouver, par la pratique, les gestes qui ont conduit à la réalisation des vestiges retrouvés dans les sites archéologiques :
- Pierre taillée
- Poterie
- Outils en os ou en métal
- Habitats
- Constructions navales
- Techniques agricoles
L’archéologie expérimentale permet aux chercheurs de tester des hypothèses formulées sur le terrain lors de la fouille.
Ainsi pour la fabrication et la fonction des outils de pierre, les archéologues ont développé de nouvelles méthodes d’analyse grâce à l’expérimentation et la tracéologie. Avec l’expérimentation, ils reconstituent les gestes du passé afin de retrouver les techniques spécifiques à la confection de l’outil, que ce soit une pointe de flèche, un grattoir ou un racloir.
Photo: Ville de Lévis. Archéologie expérimentale : démonstration de taille de la pierre.
L’archéologie expérimentale permet aussi de retrouver des techniques liées à la découpe du gibier abattu ou au traitement des peaux. En effet, lors de ces opérations, des traces sont produites sur l’outil en pierre et sur le matériau travaillé. Examinées à l’œil nu ou au microscope, elles peuvent être comparées à celles qui sont sur les objets anciens. Il devient alors possible, par analogie, de proposer une fonction à des objets dont on ignorait l’usage.
L’archéologie préhistorique
L'archéologie préhistorique étudie l'histoire des groupes autochtones qui habitaient le territoire avant l'arrivée des Européens. Elle couvre une très longue période : de 12 000 ans à environ 400 ans avant aujourd’hui!
Photo: Archéo-Québec, Jacques Beardsell. Artefacts préhistoriques, Musée McCord.
L’archéologie préhistorique constitue une source de documentation unique sur cette période et ces populations anciennes. Elle met en lumière les ressemblances et les différences entre les trois groupes autochtones qui occupaient le territoire du Québec au moment de l'arrivée des Européens :
- Les Inuits
- Les Algonquiens
- Les Iroquoiens
Multidisciplinaire, elle interagit avec l’anthropologie, l'ethnohistoire, l'ethnoarchéologie et diverses autres sciences qui ont en commun de vouloir comprendre le passé des groupes humains, révélant ainsi l'ancienneté et la complexité de l'univers culturel ancien des autochtones.
L’archéologie historique nord-américaine
L'archéologie historique, dont les vestiges sont souvent plus apparents et mieux conservés que les vestiges de la période précédente, jette un regard inédit sur différents aspects d'un passé plus récent de la société. Au Québec, elle couvre la période qui s’étend du 16e siècle jusqu’à aujourd’hui, soit plus de 400 ans!
En s'aidant de documents historiques et d’archives, elle réexamine en profondeur :
- La colonisation française et britannique du territoire
- Le commerce
- La technologie
- Les pratiques agricoles
- Les pratiques funéraires
- Les domaines militaire et industriel
Multidisciplinaire, l’archéologie historique entretient des liens avec l’histoire et l’anthropologie, et essaie de comprendre les modes de vie des sociétés du passé.
Photo: Nicola-Frank Vachon, Perspective, 2011 © Musée de la civilisation. Vergers de la ferme Hébert-Couillard, détail de la maquette La ville de Québec en 1635. Michel Bergeron, maquettiste. 2008. Propriété du ministère de la Culture et des Communications et du Musée de la civilisation.
L’archéologie urbaine ou l’archéologie de la ville
L’archéologie urbaine étudie le phénomène urbain à travers le temps et à travers l’espace. Elle vise à mieux connaître le passé d'une ville, c'est-à-dire :
- Son origine
- Son fonctionnement
- Son développement
- L'identité de ses habitants
- La nature des activités qui s'y sont déroulées
- Et leur impact sur la forme urbaine
Un autre objectif de l’archéologie urbaine est d’assurer la pérennité des témoins matériels de l'histoire de la ville, de les protéger ou de les intégrer dans le tissu urbain d'aujourd'hui et de demain.
L’archéologue n’a pas la tâche facile : il doit composer avec de multiples facteurs dont la nature du sous-sol où s’enchevêtrent de multiples occupations, parfois difficiles à comprendre, ainsi que le développement urbain qui transforme continuellement le paysage et perturbe parfois les couches archéologiques.
L’archéologie industrielle ou l’archéologie du passé récent
Domaine de recherche relativement récent, l’archéologie industrielle étudie tous les documents, les vestiges, les artefacts, les structures, les établissements et les paysages qui contribuent à connaître l’évolution et le fonctionnement des lieux industriels. D’emblée, le vestige industriel fait partie d’un système complexe :
- L’accès à des matières premières
- Les sources d’énergie
- L'intégration d’innovations technologiques
- Les espaces pour la production et le stockage
- Un réseau de transport
- La présence d’une main-d’œuvre spécialisée
Ainsi, la plupart des lieux industriels appartiennent à de longues filières d’exploitation qui peuvent être regroupées ou non dans un même lieu géographique.
Photo: MUSO - Musée de Société des Deux-Rives.
Au sens large, l’industrie couvre l’ensemble des activités de transformation des matières et de production de biens, effectué par l’être humain à toutes les époques, et occupe divers créneaux entre la petite entreprise artisanale et la grande industrie automatisée. Fours, mines, moulins, briqueteries, brasseries, pulperies, fabriques de pipes, établissements de pêche, installations hydro-électriques ne sont que quelques exemples d’une longue liste d’industries qui représentent des milliers de sites archéologiques!
L’archéologie industrielle s’insère elle aussi dans une approche multidisciplinaire coordonnée. Cette approche nécessite de la part de l’archéologue une vision d’ensemble et des connaissances élargies dans des domaines comme la technologie, l’ingénierie et l’architecture.
L’archéologie du bâti
L’archéologie du bâti est une discipline de l'archéologie qui étudie les élévations d’une construction bâtie, qu'elle soit religieuse, militaire ou domestique. On l’appelle aussi l’archéologie des élévations et elle se pratique généralement dans un contexte de fouilles historiques.
L’archéologue du bâti étudie les parties aériennes d’un bâtiment. Il en reconstitue l’histoire et la chronologie en retrouvant dans les murs les phases de construction et de transformation que les parties en élévation ont subies, comme le percement ou le rehaussement des murs. L’archéologue procède à un relevé minutieux des structures architecturales et analyse les pierres, les mortiers, les enduits, et les techniques d'assemblage. Il peut également dater les charpentes en utilisant les techniques de la dendrochronologie.
L’archéologie subaquatique
L’archéologie subaquatique s’intéresse aux sites archéologiques situés en dessous de la surface de l’eau, qu’il s’agisse de l’océan, de rivières ou de lacs. En plus des épaves de navires, l’archéologue subaquatique étudie les sites submergés, qu’ils soient préhistoriques ou historiques, des vestiges comme des quais ou les écluses, des épaves d’avions et d’autres types de ressources culturelles.
L’archéologie subaquatique utilise sensiblement les mêmes méthodes d’analyse et poursuit les mêmes objectifs que l’archéologie appliquée à des sites terrestres. Toutefois, comme elle se pratique dans un environnement particulier, l’archéologie subaquatique est souvent plus complexe à réaliser que l’archéologie terrestre. Elle demande la mise en place d’un ensemble impressionnant de techniques et d’équipements spécialisés et coûteux afin de travailler de façon productive sous l’eau.
Par exemple, pour retirer les sédiments qui recouvrent les sites subaquatiques, l’archéologue utilise des équipements spécialement conçus à cet effet. En aspirant les sols de la zone de recherche et en les expulsant à distance du site, il s’assure de ne pas brouiller l’eau. L’archéologie dispose aussi de papier résistant à l’eau, ce qui lui permet de prendre des notes et de dessiner sous l’eau.